i'll wrap my hands around your neck so tight with love, love (aldric)

1h04. Colton était adossé contre sa voiture, aussi raide qu’un piquet. Les phares étaient restés allumés dans la nuit noire, offrant juste assez de lumière pour voir le bout du sentier dans lequel il s’était enfoncé. Il alluma une nouvelle cigarette, l’éclat de l’étincelle de son zippo se reflétant contre le col de sa veste en cuir. Qu’est-ce qu’il fout, bordel ?!

1h12. Il pouvait enfin entendre des pas s’approcher dans la nuit et souffle pantelant de l’homme qui était censé rencontrer. Il jeta son mégot au loin dans les arbres et dégaina son arme de poing – on n’était jamais trop prudent, dans cette ville de salopards. L’homme trapu qui se distinguait peu à peu de l'obscurité portait à l’épaule un grand sac de sport refermé à la hâte. Il était difficile à ne pas reconnaitre, avec sa longue barbe mal taillée et ses cheveux hirsutes. Kyle McTaggert se présentait souvent comme un braconnier, mais aucune personne sensée n’aurait accordé un tel statut à cette petite raclure. Un harceleur de mystherbes sauvages était un titre bien plus approprié, étant donné que l’idiot passait le plus gros de ses journées à leur courir après pour leur arracher de force de la poudre dodo.

« T’es en retard ducon. » Le ton de Colt était sec, cinglant. « Et c’est quoi ces merdes ?! » A mesure que l’homme s’approchait de la lumière, le flic pouvait voir que ce qu’il portait entre les bras n’étaient pas d’autres petits sacs de poudre blanche mais… des œufs. Trois gros œufs de Pokemon, de taille et de couleur différentes. « B’soir m’sieur Maddox, ‘scusez du r’tard ! » Il reprenait sa respiration difficilement après ce qui semblait être un petit sprint. Colt le dévisageait, la mâchoire serrée. Kyle ne lui avait amené qu’un sac, au lieu des deux sacs dont ils avaient convenu la veille et qu’il lui avait déjà payé. Putain d'incapable. « J’vois qu’un sac, Kyle. J’sais que t’es le dernier des abrutis sur lequel compter pour résoudre une équation, mais même toi tu dois être capable de savoir qu’un sac n’en vaut pas deux ? » Il avait commencé à tourner autour de l’idiot essoufflé, comme un prédateur sur le point de bouffer sa proie. « Où est mon 2e sac, connard ?! » Il s’apprêtait à le pousser au sol lorsqu’il entendit le craquement d’une branche un peu plus loin. Il cessa tout mouvement, pointant son flingue vers l’obscurité. « T’as entendu ? » Mais Kyle était probablement bien trop occupé à se pisser dessus pour réussir à lui répondre.

1h04. Aldric observe son amour de jeunesse dissimulé par les buissons et les arbres de la forêt de jade. celui-ci, adossé contre sa voiture, semble attendre quelqu'un ou quelque chose. les phares du véhicule illuminent les alentours, forçant le ranger à rester à l'abri de l'ombre.

1h12. des pas s'approchent et brisent le silence de la nuit. colton lance négligemment le mégot de sa cigarette encore incandescent dans la direction d'aldric, qui l'écrase immédiatement avec son pied. mais bordel qu'il souffle en levant les yeux au ciel. il ne pensait pas son ex aussi idiot pour risquer ainsi de déclencher un feu de forêt. s'il s'écoutait, aldric irait immédiatement lui décoller une droite pour l'inciter à respecter d'avantage la forêt et la nature. mais ce soir, sa seule mission est de récolter des preuves pour incriminer le blond. pour qu'il ravale son sourire suffisant, déjà, mais aussi pour l'empêcher de faire plus de mal aux mysterbe. oh, aldric se doute bien que son cher et tendre n'est pas du genre à se salir les mains. mais quand les grosses têtes tombent, les petites ne tardent pas à les rejoindre.

le ranger observe le nouveau venu, au visage mangé par une barbe mal entretenue. colton commence alors les hostilités en l'insultant. il n'a pas changé, songe aldric en détaillant avec attention leur entrevue. toujours aussi canon imbu de lui-même. à cette distance, le ranger n'arrive pas à voir ce qui se trouve dans le sac que le braconnier exhibe au flic. ce dernier commence à s'énerver, à en juger son ton agressif et ses déplacements erratiques. un petit sourire se dessine sur les lèvres d'aldric, satisfait de voir son amour de jeunesse aussi troublé. aussi colérique. il reste pourtant sur ses gardes, conscient que le blond est armé. et conscient qu'avec lui, les balles partent rapidement.

aldric s'avance de quelques centimètres pour essayer de découvrir le contenu du sac. il marche alors sur une branche sèche, qui craque aussitôt sous le poids de son corps. et merde. merde, merde, merde. le ranger s'abaisse aussitôt pour rester à couvert. sans pokémon, il n'a aucune chance contre un colton hors de lui. et le flingue qu'il pointe dans sa direction ne lui donne pas vraiment envie de se montrer. non, autant reste caché, et prier arceus pour que son ex retourne à sa transaction sans trop se poser de questions. colton n'est pas bête, mais sa décoloration lui a peut-être détruit quelques neurones, qui sait.