awkward encounter incoming (ft. prudence)

c'était un hasard. un simple hasard. pourtant, quand assise dans les gradins du dôme de coordination, tu reconnus l'idole d'une bonne partie de ton adolescente, tu te fis fébrile. prudence soto, célèbre coordinatrice. vingt-deux piges. née a céladopole. tu te rappelais avec tendresse les moments passés à parler avec tes temporaires copines, dans les villes où tu étais de passage à alola, d'à quel point tu étais fan d'elle à l'époque où tout semblait plus simple. c'était pas non plus de l'obsession, mais la voir sur l'écran de la télé faisait toujours manquer à ton coeur un battement. tu rêvais d'être aussi douée qu'elle un jour. alors même que vous n'aviez que deux ans de différence, elle semblait appartenir à un monde en tout point différent. à l'époque, tu te disais que c'était peut-être les gens de kanto qu'étaient comme ça, les gens à alola étaient toujours chaleureux, et ce peu importe les obstacles, peut-être qu'à kanto le charisme était sanguin ? plus tard, en voyageant, t'avais réalisé que c'était bien unique à elle.

puis à la fin du concours, après la remise du trophée à prudence, la présentatrice annonça que les remises de prix n'étaient pas finies. quelqu'un aurait l'honneur de la rencontrer en face à face. ça te fis rire, alors que tu regardais la pokéball où regalia demeurait. rien que la veille était une preuve de ta malchance, avec ce foutu pc que t'avais toujours en travers de la gorge, c'était pas comme si t'allais être la malheureuse à gagner. c'était vrai, gagner voulait dire être en face d'une célébrité et buter sur ses mots pendant une heure, non merci. un regard de travers à côté, confusion te prit. les gens à côté de toi te firent signes de descendre. t'avais vraiment gagné cette merde.

alors tu descendis, tu fis une petite courbette de politesse et on te guida vers une salle dans les coulisses, où on te demanda d'attendre un moment. tu hésitas, un moment, à partir comme une voleuse. est-ce que prudence avait été prévenue, même ? quelques minutes passèrent, on vint te chercher et t'amener vers une autre pièce. une table sobre, deux chaises, deux tasses, prudence en chair et en os. - uh... bonjour ? tu parlais tout bas, c'était pas à ton habitude, fallait que tu ressaisisse. - je m'appele heike, je dirais que j'étais une fan il y a cinq ans, peut-être ? enchantée de vous rencontrer ! une autre courbette, tu t'assis finalement, tes joues étaient empourprées et la tasse était brûlante, résultat: tu savais pas quoi faire.

@prudence soto

awkward encounter incoming

@prudence soto & @heike fujiwara

Concours dans le sang et paillettes dans les cheveux. Gamine au sourire trop grand qui se faufile, gagne, vainc, gamine qui flippe mortellement de l’échec, parce que c'est pas une option, parce que ça devenait une obsession. Dos droit, posture froide, sourire sur le visage. Plus d'imperfection, plus de cernes, plus de joues bouffies par les larmes d'une nuit trop courte. Tu ne laissais rien voir, rien transparaître, t'étais une poupée qui devait faire semblant encore et encore, créature irréelle qu'on observe, mais qu'on ne croise jamais. Ils ne voient pas les larmes, les tremblements, la poudre que tu respires de temps en temps pour te calmer, pour rêver, ils ne voient pas le cœur qui se serre et les tremblements qui font vrombir l'épiderme, cassé le palpitant, explosé sur le sol trop froid d'un appartement vide. Ils ne voient pas la solitude, la peur de décevoir, ils ne voient pas les blessures internes et externes que tu caches, ne voient pas les portions réduites pour rentrer dans une robe en particulier, ne voient pas les étourdissements après une journée entière d'entraînement, ils ne voient que la perfection. Première place, ruban que tu ajouteras à ta collection, les sourires et l'annonce du jour. Tu vas rencontrer quelqu'un peut-être un fan, peut-être quelqu'un qui te déteste et qui aurait voulu voir quelqu'un d'autre gagner. Alors tu te changes, la robe bouffit au placard et une tenue plus traditionnelle, Kali et Banoffee qui s'amusent dans le salon, thé fumant déjà versé. « uh... bonjour ? » La tête qui se redresse et l'air pensif qui se transforme en air heureux, elle était jolie la gamine et t'avais un rire, peut-être qu'elle avait peur, toi aussi t'avais peur faut l'avoué. « Bonjour ! » Sourire, voix enjouée, Soto dans toute sa splendeur. «  je m’appelle heike, je dirais que j'étais une fan il y a cinq ans, peut-être ? Enchantée de vous rencontrer ! » T'as un rire quand elle fait sa courbette, sourire sincère qui déforme un peu ton visage, ils te diraient que sourire trop fort donne des rides.

« Et je suis Prue ! Enchantée de faire ta connaissance également, Heike. » Tu te doutes qu'elle le sait, sinon elle ne serait probablement pas là, elle devait être dans le publique. La gorge qui se serre un peu, était un fan, ça te fait tout de même plaisir, t'avais du mal à te dire que t'étais vraiment connu, que t'avais vraiment des fans. « Merci de ton soutien, je pense que c'était la période où j'en avais le plus besoin. » T'avais à peine dix-sept ans et tout te tombait sur la gueule, la seule chose qui te faisait tenir c'était les messages de soutien, alors t'apprécie, vraiment. « Je suppose que la surprise te paraît un peu médiocre, du thé, une fille en face de toi que tu connais à peine. » T'hausses les sourcils, sourit un peu. « Je te présente Banoffee et Kali ! » Tu désignes tes pokémons, sourire sur ton visage. « Pas les mêmes qu'il y a cinq ans, je sais, mais ils sont adorables eux aussi, les autres ont pris leur retraite chez mes parents. » T'informes, parce qu'elle était peut-être confuse ? T'avais pas abandonné tes pokémons au moins, ni tuer, parce que mon dieu t'avais encore besoin d'eux. « Si tu veux tu peux faire sortir tes p'tites bêtes pour qu'ils jouent ensemble ? Pendant qu'on discute ? » T'as un œil bienveillant sur elle, elle a l'air intimidée et tu peux comprendre pourquoi, t'aimerais la rassurée un peu.

elle te dit bonjour, bien plus diserte que toi. c'était à n'en rien comprendre, pourquoi étais-tu mal à l'aise alors que tu reconnaissais aujourd'hui que vous étiez égales ? la simplicité du moment te mettait mal à l'aise, c'était comme une rencontre habituelle, avec une amie ou une connaissance, alors que ça se présentait comme une évidence, cette rencontre était exceptionnelle. elle te remerciait, comme si c'était pas à toi de le faire. après tout, tu t'étais liée de beaucoup de personnes juste sous le prétexte que vous étiez fans d'elles tout les deux. - je suppose que la surprise te paraît un peu médiocre, du thé, une fille en face de toi que tu connais à peine. tu haussais les sourcils, comme elle. - loin de là, j'ai beau ne plus me considérer fan, j'ai beaucoup de respect pour toi. c'est un honneur de pouvoir te rencontrer. tu passas au tutoiement, plus facilement que tu ne l'aurais pensé, tu commençais finalement à regagner ta nature habituelle. cette fille avait définitivement un don à mettre à l'aise. elle te présenta ses nouveaux pokémons, visages inconnus au bataillon pour toi. tu te rappelais encore avoir été un peu déçue quand sa précédente équipe était partie à la retraite. n'empêche, t'étais reconnaissante, t'avais vu des coordinateurs tuer à la tâche leurs pokémons. alors, t'étais fière de pouvoir dire que prudence soto n'était pas comme ça. aussi, le reconnaître était aisé, ses nouveaux pokémons, ils étaient tout autant talentueux. proposition de sortir tes propres pokémons, tu fouillas tes poches et en sortit deux pokéballs, un rayon de lumière. ils étaient un peu confus, alors tu leur expliquais la situation rapidement et leur désignait les pokémons de prue. quelques caresses pour regalia, histoire de la rassurer, tu savais que c'était pas facile pour elle, de rencontrer d'autres êtres. ding était pareil, avant, mais avoir rencontré pire que lui l'avait aidé, d'une certaine manière. il voulait la protéger et lui montrer que l'autrui n'était pas dangereux, alors il se forçait à vaincre sa timidité.

- tu m'as remerciée, mais je devrais être celle qui te remercie, ça m'a beaucoup aidé de pouvoir me raccrocher à quelque chose, ou plutôt à quelqu'un. ma mère est marchande à alola, alors on bougeait beaucoup. ça m'a aidé de pouvoir me rapprocher d'autres fans, aussi. même si ça durait jamais longtemps. léger sourire qui apparût sur tes lèvres, alors que tu te souvenais de ton adolescence chaotique, tu restais jamais plus de quelques semaines dans un port. c'était bien, dans un sens, de rencontrer autant de gens, mais t'étais pas sûre de pouvoir le refaire un jour. quelques semaines, c'était suffisant pour t'attacher, pas assez pour construire des amitiés solides. c'était pour ça, que quand tu voyageais toi-même il y a quelques temps, tu restais qu'une semaine dans une ville, tout au plus. pour pas t'attacher. pour pas te lasser. viridian city était l'exception, à cause de ton nouveau boulot, de tes nouveaux boulot. épée de damoclès, team rocket qui t'empêche de partir. - ça doit être assez difficile d'être coordinatrice, non ? la pression, tout ça. je t'admire, vraiment. t'en serais jamais capable, toi, et tu le savais bien.

awkward encounter incoming

@prudence soto & @heike fujiwara

T'étais pas à l'aise. Vraiment pas à l'aise. T'avais l'habitude de rencontrer de nouvelles personnes, l'habitude de te trouver dans des situations qui pourraient faire grincer des dents, mais là c'était un autre niveau. Une discussion, du thé, c'était rien que ça et tu ne comprenais même pas le but, t'étais pas un prix à gagner, une rencontre avec toi c'était pas aussi exceptionnel que ça et toi-même t'aurais refuser, tu détestais le fait d'être une récompense alors que l'argent, l'amitié, tout ça était beaucoup plus important que simplement rencontré quelqu'un, même si on l'admire. Alors tu proposes, faire sortir les pokémons, parce que ça peut être quelque chose qui rapproche, parce que toi t'as pas de mal à vouloir t'attacher, à vouloir faire tout ce qui t'es possible pour que tes pokémons soient heureux, d'entendre les pépiements et de voir les sourires, c'était ton plus beau cadeau dans la vie de les voir fier de gagner un ruban, une compétition, un combat.  « Loin de là, j'ai beau ne plus me considérer fan, j'ai beaucoup de respect pour toi. c'est un honneur de pouvoir te rencontrer. » Épiderme rougissant, les joues couleurs pourpres, c'était intime, peut-être un peu gênant, c'était bizarre de recevoir des compliments d'une personne qu'on ne connaît pas.

Tu pensais pas avoir été un modèle, une sorte d'héroïne dont les gens suivaient les aventures, pour toi, c'était juste un jeu au début, un jeu où tu voulais ressortir vainqueur pour être fière, pour rendre tes parents heureux, c'était pour rien d'autre. La victoire dans le sang, les fans qui n'affluaient pas pourtant, trop timides, ça te gênait pas quand on venait t'aborder dans la rue ou quand on criait ton nom, ça te faisait même plaisir, ça remplissait le froid que t'avais à l'intérieur, le manque. Manque d'amour, d'affection, dans ton monde où tout n'est que compétition et coups fourrés, coups foireux, où tout le monde rabaisse, rit, personne de bienveillant, ça te changeait, vraiment. « Merci. On ne m'a jamais dit ça. » Parce que tu forces la mâchoire pour être compréhensive, parce que pas question d'faire de raccourcis, parce que t'étais un peu formelle avec ton dos trop droit, l'accent de Céladopole que t'effaces doucement avec le temps. Créature de la jeune femme qui sort, bébécaille et tritox, duo innatendu, mais tu pouvais voir la ressemblance avec leur dresseuse. « On dit que les pokémons qu'on attrape sont les reflets de nos âmes. » Tu sais pas si c'était vrai, mais t'avais un sourire convaincu, le regard doux sur ces petites bêtes que t'aimais cajoler des yeux, tu n'oserais jamais toucher le pokémon de quelqu'un d'autre, tu considérais que c'était trop précieux. « tu m'as remerciée, mais je devrais être celle qui te remercie, ça m'a beaucoup aidé de pouvoir me raccrocher à quelque chose, ou plutôt à quelqu'un. ma mère est marchande à alola, alors on bougeait beaucoup. ça m'a aidé de pouvoir me rapprocher d'autres fans, aussi. même si ça durait jamais longtemps. » Bouge bée, c'était bien la première fois, rire qui sort de tes lèvres, rire gêner, tu savais pas trop comment réagir, c'était beaucoup trop de compliment.

« Tu... » Tu peines, à trouver les mots, à exprimer ce que tu ressens, comme une petite explosion colorée dans l'ventre, dans la gorge, dans les yeux, orbes qui s'illuminent de larmes, parce que t'es un peu fragile, parce que t'as un rire un peu trop. « C'est. Merci. J'mérite pas tant. » Le masque qui craquelle un peu, parce que t'es pas aussi snob que tu le laisses paraître, parce que t'es un humain avec des failles. « Je suis contente, que ça t'ai aider, c'est mon plus beau cadeau. » Tu te lèves un peu racle ta gorge, te replace dans le siège peu confortable et le rire est bloqué dans ta gorge, mais le sourire illuminerait presque la pièce. « Merci beaucoup Heike. J'en avais vraiment besoin, j'ai parfois l'impression que ce que je fais est inutile. » Souvent, tout le temps, que t'étais qu'un clown de cirque. « ça doit être assez difficile d'être coordinatrice, non ? la pression, tout ça. je t'admire, vraiment. » Moue sur ton visage, lèvres que tu mords, doucement. « Je suppose que pas plus qu'autre chose, je me sens surtout seule. » Seule alors qu'on t'observe via la télévision tout le temps, parce qu'on te prend en photo trop souvent, seule, parce que t'as presque personne. « Toujours le même masque, la même perfection feinte, c'est usant, certains en perdent la boule. » Tu parlerais pas des crises d'angoisse en pleine nuit, des cernes sous le maquillage, parce que vous souffriez tous à votre façon. « Et toi ? Tu fais quoi dans la vie ? » Parce que vous n'étiez pas là pour parler seulement de toi, enfin, peut-être que si, mais tu n'en avais pas envie. Corps qui se penche vers le sol, poffins dans ta main que tu tends à ses pokemons, t'espères ne pas te faire mordre.

- tu… elle hésitait, peinait sûrement à trouver ses mots et soudain tu réalisais les tiens. en avais-tu trop dit ? peut-être que c'était gênant pour elle, de se faire autant complimenter. - c'est. merci. j'mérite pas tant. tu te mettais à sa place, tes éloges étaient peut-être un peu too much. tu t'affolas, quand tu aperçu quelques gouttes dans ses yeux onyx. puis te calmas rapidement, quand tu remarquas son sourire éclatant. - je suis contente, que ça t'ai aidé, c'est mon plus beau cadeau. sourire qui prit aux lèvres, t’étais euphorique, comme une gamine qui rencontrait son idole. t’étais plus une gamine et elle plus ton idole pourtant, qu’une personne que t’admirait. - merci beaucoup heike. j'en avais vraiment besoin, j'ai parfois l'impression que ce que je fais est inutile. l’idée de lui avoir remonté le moral te choqua un peu au début. tu supposais qu’elle était humaine elle aussi, mais n’en avait jamais eu la preuve jusqu’aujourd’hui. tu lui demandas alors si c’était difficile, son boulot. - toujours le même masque, la même perfection feinte, c’est usant, certains en perdent la boule. à l’entendre, tu croirais presque entendre quelqu’un qui n’aimait pas sa vie, pourtant, t’étais certaine que c’était sa passion. tu te demandais alors, est-ce qu’elle était si heureuse que ça ? tout à la télévision indiquait qu’elle était parfaite, était-ce alors un mensonge, un voile, un masque ? pouvait-on alors vraiment la blâmer ? la situation s’alourdissait un peu, du moins c’est ce que tu percevais, heike. - et toi ? tu fais quoi dans la vie ?

tu ravallais ta salive, t’enfonçais un peu dans ta chaise, comme si ça aidait. qu’est-ce que t’étais censée répondre à ça ? tu t’y étais pas attendu, mais elle posa bien une question sur toi. - oh, je travaille à l’auberge locale, j’essaie de faire de l’argent ici et là. je m’en sors, c’est ce qui compte. tu raclas la gorge, priant pour qu’elle ne poserait pas davantage de questions. t’essayerais de retourner le sujet vers elle, pour pas continuer à te sentir mal. pour te rassurer, tu jetais un regard vers tes pokémons. vu comme ça, ils sembleraient quasiment sociables. c’était pas le cas, tu le savais, ils étaient tous les deux timides comme pas possible. tu eus un sursaut quand elle s’approcha de tes bêtes, poffins à la main, peur qu’elle soit mordue par un pokémon poltron. aucun des deux ne réagit comme tu pensais, acceptant la friandise avec amabilité et la remerciant d’un sourire. à croire qu’ils sentaient la bienveillance rien qu’à l’odeur de sa main. - t’as quoi comme passion, outre la coordination ? tu tentais une question pas concentrée sur toi. t’avais pas exactement envie de lui dire que tu faisais partie d’la team rocket et transportais de la drogue, mais t’avais pas envie de lui mentir non plus. même si tu pourrais le faire aisément. c’était pas une chose dont t’étais fière. - je pense être plutôt touche à tout personnellement, même si ça veut dire que je me lasse rapidement. j’ai pris l'habitude.

awkward encounter incoming

@prudence soto & @heike fujiwara

Tu savais, que ça serait gênant, peut-être même pas utile, qu'un photographe prendrait des photos à la fin de l'heure histoire d'immortaliser ce moment : pas pour toi, pour elle. Toi c'est comme si on te considérait comme une statue de glace à peine terminée qui commencerait déjà à fondre. Le prestige, les victoires, célébrité que tu voyais comme éphémère, qu'il fallait que tu fasses durer, que tu mettes assez de côté pour plus tard, pour toujours, pour tes enfants, petits-enfants. Tu parles, à Heike, comme si tu détestais ce que tu faisais, comme si t'étais usée jusqu'à la moelle. Peut-être, faut être honnête, tu dors mal, tu pleures, t'as l'cœur qui chavire et t'as des envies de vomir. Pourtant, rien n'égale la sensation de victoire, la sensation de chaleur quand les créatures sont fières d'elles-mêmes, rien n'égale les compliments, les sourires, l'émotion sur le visage des spectateurs. Tout te poussait à être plus parfaite, plus droite, moins frivole, image de perfection que tu dois tenir, ça te dérange, peut-être, un peu, seulement parfois, quand t'es fatiguée et quand t'as pas la foi.

« oh, je travaille à l’auberge locale, j’essaie de faire de l’argent ici et là. je m’en sors, c’est ce qui compte. » T'as la tête qui se hoche, compréhension sur ton visage, ça aurait peut-être été ton destin si t'avais pas eu de succès, si t'étais pas faite suée sang et eau, t'avais la chance aussi, les parents qui encouragent, sont derrière toi, elle, elle avait pas vraiment l'air d'avoir tout ça. « Peut-être que je passerais, un jour, qui sait ? » Sourire sur les lèvres rouge de maquillage, tu le penses vraiment, peut-être incognito, un jour. Les offrandes pour ses compagnons, polies, gentils, t'as un rire quand ils sourient avant de reprendre ta place. « Ils sont adorables. » Parce que t'as du mal à trouver des choses laides, tout pouvait devenir beau, sauf peut-être les tadmorvs, mais ça, c'était l'exception. « t’as quoi comme passion, outre la coordination ? » Comme si t'ignorais maintenant ce que signifiait le mot passion, tasse de thé à tes lèvres, tu réfléchis, comme s'il n'y avait rien, pourtant il y a tant de choses. « je pense être plutôt touche-à-tout personnellement, même si ça veut dire que je me lasse rapidement. j’ai pris l'habitude. » Rire qui perce, tasse qui se repose dans un son doux, aigu.

« Tu as de la chance. » Parce que toi, t'arrivais presque à rien. « Je suis une catastrophe en cuisine, j'ai tendance à tout faire brûler. » Main que tu passes dans une mèche de tes cheveux pour la replacer, doucement, le corps qui se tend un peu plus sur la chaise et les mains qui défroisse la robe. « J'aime les pokémons, vraiment. Quand j'ai du temps libre je vais au village pokémon, j'observe, j'aide aussi. » Parce que t'avais peut-être une bonne âme, au fond. « On peut considérer que les pokémons sont une passion, peut-être aussi l'écriture, j'envisage d'écrire des romans plus tard. J'ai un diplôme d'infirmière aussi, mais je ne sais pas si ça peut être considéré comme une passion. » Tu racontes ta vie, un peu trop, le rire trop doux qui s'échappe. « Comment as-tu rencontré tes compagnons ? » Parce que c'était toujours intéressant de savoir, l'histoire. « Tu les as surnommés ? » Parce que certains ne le faisaient pas, pour toi, c'était impensable, mais ça arrivait.

l’heure passait lentement, peut-être trop lentement. ton regard se posait de lui-même sur l’horloge de temps en temps. c’était pas que t’appréciais pas l’instant, plutôt que tu te sentais enfermée. la pièce n’avait pas de fenêtre, histoire de sécurité, et les murs immaculés te faisait penser à ceux d’un hôpital. la décoration simpliste, le tout bien trop propre pour être vivable. heike, t’aimais le bordel. les bibelots un peu partout, pour toi c’était normal. te revenait votre appartement familial à illumis, tout était blanc, noir, gris. aucune couleur outre quelques rares fleurs. t’aimais pas ça. tu te sentais quasiment clostro, et pourtant t’étais pas quelqu’un d’anxieux habituellement. sûrement, c’était le mélange du malaise de la conversation et celui de l’endroit qui la tourmentait.

- peut-être que je passerais, un jour, qui sait ? t’avais un rire qui échappait tes lèvres, rire nerveux mais heureux, baigné d’une situation aussi gênante que plaisante. - ils sont adorables. tu acquiescais d’un mouvement de tête, en regardant avec attendrissement tes pokémons. presque comme une mère avec ses gosses, t’étais gaga d’eux. le genre a leur parler avec une voix aigue, comme si c’était des enfants et pas des bêtes qui pourraient te tuer s’ils le souhaitait. peut-être que c’était ce constraste qui te plaisait, ces bouilles adorables et ces poisons mortels. tu demandais c’était quoi ses passions, tu parlais des tiennes.

- tu as de la chance. t’étais étonnée. jamais on t’avais dit que éclectisme était une chance. en général, c’était plutôt des réfléxions du genre “j’espère que t’es pas aussi loyale avec tes amants que tes passions”, des coups de poignards quand les gens te voyait être fière d’être comme tu étais. jack of all trades, master of none. cette expression te définissait, et c’était pas vraiment une bonne chose. - je suis une catastrophe en cuisine, j'ai tendance à tout faire brûler. t’avais un rire. - pareil, au moins, je sais faire des choses basiques, mais même ça je ne le maîtrise vraiment pas, loin de là. tu secouais la tête quand ta frange te venait trop dans les yeux, peut-être que tu devrais la faire couper, t’avais pas exactement le fric actuellement et puis t’avais pas envie de le faire seule. - j'aime les pokémons, vraiment. quand j'ai du temps libre je vais au village pokémon, j'observe, j'aide aussi. tu trouves ça étrange un peu, aimer les pokémons, c’est commun, mais ça vient pas en tête directement en général. ça survient comme une évidence qu’a même pas besoin d’être nommée. - on peut considérer que les pokémons sont une passion, peut-être aussi l'écriture, j'envisage d'écrire des romans plus tard. j'ai un diplôme d'infirmière aussi, mais je ne sais pas si ça peut être considéré comme une passion. les souvenirs te reviennent, un peu. ta réaction quand t’avais appris d’une journaliste à la télé qu’elle avait fait des études d’infirmière, tu l’imaginais mal, pourtant, être infirmière. tu te demandais pourquoi elle avait arrêté. - la passion d’aider les autres, peut-être ? je suis pas sûre non plus. j’ai jamais essayé l’écriture personnellement, je me vois mal m’asseoir et créer comme ça. j’ai besoin de bases pour faire quelque chose, tout comme j’ai besoin d’un modèle d’arbre pour en dessiner un. y’a pas de ça, en écriture. peut-être que c’était pour ça que l’écriture t’impressionnait ? tu lisais pas grand nombre de bouquins, l’école t’en ayant dégoûté. puis quand t’en lisais, c’était ceux d’histoires, ceux qui contait la vraie vie. la guerre de kalos, par exemple, te passionnait beaucoup plus jeune. t’avais choppé tous les bouquins que tu pouvais dessus et tu les avais tout gobé la bouche grande ouverte. t’en voulais encore, mais c’était tous des pavés trop matures en langue pour toi, alors t’avais arrêté, abandonné. - comment as-tu rencontré tes compagnons ? tu t’arrêtais un instant, te souvienais avec nostalgie. - des cadeaux de ma mère, ils viennent d’alola tous les deux. j’ai pas vraiment la main à capturer. ma mère, si. tu t’étouffais presque sur un rire, vraiment, tu devrais apprendre à capturer tes pokémons toi-même un jour, ça devenait désolant.  - tu les as surnommés ?

- tu dis ça comme si des gens le faisait pas ! je trouve ça difficile à imaginer, même si ça existe sûrement. pour répondre à ta question, yep, ding et regalia. petite différence au niveau du sérieux. j’étais un peu torchée quand j’ai surnommé mon bébécaille. je crois, du moins. à vrai dire, le souvenir était plutôt flou. ça remontait pas à si loin que ça pourtant, mais les images s’étaient ensevelies dans ta mémoire. devenues floues, trop saturées pour être discernables. l’alcool faisait des ravages et c’était pas une surprise que t’évitais d’y toucher. pas plus d'une fois par mois, c'était la limite que tu t'étais posée. t’as déjà voyagé hors de la région ? il te semblait pas avoir vu la moindre info sur ça, ou peut-être que tu t’en souvenais pas. - si c’est pas le cas et que t’as le temps, tu devrais. j’ai voyagé un peu pendant genre deux ans, j’ai aucun regrets. le monde est vraiment magnifique, même si on a pas tendance à le reconnaître.

awkward encounter incoming

@prudence soto & @heike fujiwara

T'étais loin de te douter, loin de te douter de tout ce qui allait se passer dans ta putain de misérable vie. Prudence, comme si on se foutait de ta gueule, mais pour l'instant t'es juste mal-à-l'aise face à une fille ayant été fan de toi, avant, qui ne l'était plus depuis un bon moment. Tu parles, mal-à-l'aise, peur d'en dire trop, peur d'être trop égoïste, peur de te perdre dans la célébrité, la tête qui te tournerait presque. T'es habituée, depuis gamine, habituée à aimer l'attention, aimer la beauté. Tu pourrais te définir, amante de l'amour, amante de la beauté, magnificence qui coulerait presque dans tes veines tellement tu admires, tellement tu aimes. Y a les mots qui arrivent à tes oreilles et tu ris face aux explications du surnom de son bébécaille, ça glisse dans ta gorge et le temps s'écoule, trop vite, trop loin. « Pas encore, j'aimerais. » T'es jamais partie, parce que t'avais pas la force, que tout se jouais ici à Viridian City. « Je pense qu'on va manquer de temps. » Que tu dis, parce que t'entends les pas se rapprocher, doucement, sûrement. « J'aimerais visiter Alola. » Que tu dis, posément. Sourire lorsque tu reprends tes pokémons dans leurs pokéballs. « J'étais heureuse de te connaître Heike. » Parce que la porte s'ouvre, que tu sais jauger le temps, que t'as l'ouïe fine. La main que tu tends, sourire aux lèvres. « Peut-être qu'on se reverra ? » Tu dis, t'aimerais, ça serait intéressant selon toi.