(capture) les gains aveugles

tu fais signe au croupier, lui glisse quelques mots à l'oreille. croupier qui acquiesce, frappe dans ses mains, demande l'attention des joueurs. "les lots ne seront pas annoncés, sur demande de mlle pike. êtes-vous tous d'accord avec ça ?" joueurs qui se regardent, tu savoures le moment de flottement. jouer sans savoir ce que l'on peut remporter... mais les joueurs acquiescent. "mlle pike demande également à ce que les mises soient aveugles. je tirerai au sort les pokéball, et donc les pokémons qui seront misés." quelques murmures, une personne se lève et refuse. tu le regardes de bas en haut, il n'a pas l'étoffe. mais les autres acquiescent, même si tu vois la joueuse à ta droite se tendre. ta main qui se pose sur la sienne. "j'aimerai ajouter une règle, croupier, si tous les joueurs présents sont d'accord. du quitte ou double. une manche, interdiction d'essayer de se refaire. on gagne, ou on perd. sans savoir ce que l'on perd, ni ce que l'on gagne... n'est-ce pas palpitant ?" coup d'oeil à la joueuse que tu retiens de ta main sur la sienne. un deuxième joueur se relève, te fusille du regard. ils savent, pourtant, qu'il ne faut pas joueur avec toi. ils savent, mais ils essaient. tu sens les doigts de la joueuse restante se crisper, son autorisation donnée. croupier qui vient saisir une de ses pokéball, qui saisit une des tiennes. tu ne sais pas si bestiole est parié. frissons qui te parcourent le corps. ça va être intéressant.

cartes distribuées alors que les pokéball sont posées au centre de la table. pas le choix de miser sur cette partie, ça n'aurait aucun intérêt dans le cas contraire. "et je relance de cent pokédollars." le lot intéressant sont les bestioles qui attendent de savoir quel sera leur sort, mais il n'est pas interdit de parier de l'argent. "je suis." la voix de ton adversaire est fluette, tu doutes même qu'elle soit majeure. "on ne peut parier que l'argent que l'on a." sourire amusé sur tes lèvres, regard qui se glisse sur elle. "je sais." elle ne te regarde pas, elle. elle a peur, ça se sent. qu'est-ce qui lui a pris de demander une partie avec toi ?

partie qui se poursuit, mouvement des cartes, pas de stratégie particulière dans ce jeu. faut compter sur sa chance, sur le hasard, virer des cartes et en reprendre, croupier qui décide lorsque la manche prend fin. il faut savoir prendre des risques, être celui qui se rapprochera le plus d'un total de 100 sans le dépasser. un de tes jeux préférés. expression sur le visage de ton adversaire qui change à sa pioche, tour qui arrive de nouveau à toi, sourire qui éclaire ton visage. "je relance de 300 pokédollars." que tu annonces calmement. cette fois, elle lève son regard sur toi. oui, elle a peur. "c'est toi qui voulais jouer avec moi, rappelle-toi." que tu lui glisses presque tendrement. "si tu ne voulais pas prendre le risque de tout perdre, il ne fallait pas faire ça." elle serre la mâchoire. hésitation dans sa voix. "je relance de 1000 pokédollars." ça lui coûte, ça se sent dans le tremblement de sa voix. "je suis." tu commences à être satisfaite. cette fille a de l'avenir. "dévoilons les pokémons, veux-tu ?" elle déglutit, acquiesce, croupier actionne les pokéball. bestiole est là, te sourit. et la vorastérie paniquée qui l'accompagne fait mine de vouloir courir vers sa dresseuse. croupier qui enferme les deux pokémons sous une cloche de verre, et tu jurerai d'avoir entendu ton adversaire retenir ses larmes.

t'as un jeu de merde, et tu le sais. si le croupier arrête la partie maintenant, tu as perdu. et pourtant, tu ne perds pas ton sourire. mieux, tes doigts se referment sur tes jetons "je relance de 100" elle te regarde, la gamine. "quoi ?!" sa main tremble. tes adversaires n'ont toujours pas compris une chose simple avec toi : tu aimes jouer, que tu perdes ou que tu gagnes, tout ce qui t'intéresse n'est autre que l'intérêt d'une partie. et celle-ci est intéressante. tu flirtes avec l'échec critique possible dans ce jeu, et ton cœur bat un peu plus fort. "je suis." elle ne veut rien lâcher, la petite, même si tu soupçonnes sa mâchoire d'être sur le point de se briser tellement elle la serre.

"dis-moi, pourquoi avoir voulu jouer avec moi en particulier ? à cette heure, l'usine est pleine à craquer de joueurs prêts à faire quelques concessions." tu tries tes cartes, en défausse une, en reprend une autre, ne laisse rien paraître. "je relance d'un pokédollar." sourire amusé, tu regardes ton adversaire reprendre un peu son souffle. "il parait que c'est intéressant de jouer contre toi. je relance de cinq pokédollars" sourcil que tu arques, avant d'éclater de rire. "oh, tu aimes l'intérêt des jeux, alors ? je relance de dix pokédollars. quel âge as-tu ?" elle déglutit, ferme les yeux quelques secondes. "seize ans. je suis." ton visage s'adoucit un peu. "parle-moi de cette vorastérie." "je l'ai acheté, parait qu'elle a tué son ancienne dresseuse. elle m'intriguait." elle t'intrigue aussi, maintenant. "mais je l'aime beaucoup. on s'entend bien, toutes les deux." raison de plus pour la gagner, que tu te dis, parce que cette joueuse mérite d'être poussée dans ses plus profonds retranchements.

doigts qui piochent encore, et dans ta main quatre-vingt-dix-neuf points. croupier qui lève le bras, et l'abaisse. "abaissez vos cartes !" qu'il lance d'un ton formel. ton adversaire a l'air sûre d'elle alors qu'elle abat ses cartes. quatre-vingt-dix-huit points. visage radieux quand tu abats les tiennes. "vainqueur : mlle pike !" tu vois l'assurance de ton adversaire se décomposer en direct sous tes yeux. "c'était une partie très intéressante, tu as pris des risques jusqu'au bout." que tu admets, avec un sourire radieux, avant de soulever la cloche de verre. bestiole te saute dans les bras, et tu ris légèrement. mais la vorastérie, elle, fonce droit vers sa dresseuse qui a au moins le mérite de savoir retenir ses larmes. "machin, viens ici." la créature te regarde, te défie du regard. alors calmement, tu contournes la table, arrive à sa hauteur. oh, tu vois bien qu'elle est sur le point de t'attaquer, mais elle ne voit pas venir le coup de pied volontairement violent qui la propulse contre un mur. ton adversaire plaque ses mains contre sa bouche. "ne fais pas ç..." qu'elle commence, mais tu éclates de rire. "ce pokémon ne t'appartient plus, j'en fais ce que je veux. profite du reste des installations, et merci encore pour cette partie. je prendrais bien soin de ta vorastérie... si je ne la perds pas d'ici ce soir." tu continues de rire, rappelant la créature sonnée dans une pokéball que tu glisses dans ta poche en quittant ton adversaire, bestiole à tes côtés.