(w/ nour) what the fuck is that ?!

La vérité, Candice, c'est que tu sais à peine ce que tu fous là. Tu erres comme une âme en peine, à la recherche d'informations pour mener une mission dont tu ne connais presque rien. Et sur le coup, t'as surtout l'impression de t'être fait bien enfler, mais t'as bien fini par comprendre pourquoi personne ne voulait de ce truc : la situation est incompréhensible, et tu marches juste en terrain inconnu, presque aveugle, clairement en manque d'informations sur ce que tu es censée faire.

Tu sais juste que tu cours après un pokémon, qui serait la clef pour réussir ce que tu as à faire. Un truc dans le genre. Alors t'as enquêté, un peu, et ton enquête t'a mené sur une piste un peu étrange, un truc dans lequel tu n'es pas à l'aise. Cette ville, de toute façon, te fout les boules, parce que tu as bien compris qu'il se passait des trucs un peu trop chelous ici. Des trucs qui te dépassent et ça te colle des frissons jusque dans l'âme. D'une certaine façon, tu sens que cette ville cache peut-être encore plus de secrets un peu trop sombres que ta ville natale, et ça ne te rassure pas.

Une adresse, c'est ce que tu as réussi à récolter, la seule piste que tes recherches t'ont permis d'avoir. Le client étrange ne t'a clairement pas aidée, et il a bien fallu que tu te démerdes par des propres moyens. Mais tu es plutôt certaine que c'est ici que les choses doivent se passer, dans cet endroit qui pue les trucs louches et les secrets douteux. Tu vérifies le contenu de ton sac, et tu t'engouffres dans ce qui ressemble à une sorte d’église laissée à l'abandon, le genre d'endroit parfait pour les Spectres, toujours peu certaine de ce que tu viens y foutre exactement. Tu es certaine d'une chose, en tout cas, toute ton âme te le crie : l'ambiance qu'il y a ici ne te plait clairement pas.

rosalia semble être devenue une nouvelle maison pour toi nour, toi qui pensais que tu ne resterais qu'en temps loin d'hoenn, tes péripéties t'entrainent de kantô à johto, de viridian city à rosalia. tu te plais ici, vraiment. cette ville, il y a quelque chose en elle qui éveille tous tes sens, qui stimule à la fois tes muscles et ton intellect. si ce dernier a été ravivé par tes recherches à tour cendrée, les premiers eux sont mis en alertent par ce pokémon. ce noctali. créature des ombres, elle semble vivre seule, sans dresseur pour l'accompagner. tes pupilles avares ont vite fait de la repérer et ta caboche s'est mise à estimer le prix que tu pourrais en retirer. peut-être qu'ici tu ne parviendras pas à additionner les pokédollars, les evolis et leurs évolutions semblent être le pain quotidien des habitants de la région, mais à viridian city, sur ce marché noir qu'on t'a autorisé à exploiter, tu pourrais te faire une petite fortune. peut-être assez de sous pour sauver les recherches du professeur rosier et t'engouffrer encore un peu plus dans cette histoire de tablette oubliée. alors, tu n'hésites pas à le traquer ce noctali. tu as avec toi balbuto, balbuto qui ne sert à rien, balbuto qui n'est qu'une ombre. et puis, il y a aussi miassou, cette bête de galar au pelage hérissé et à la gueule cabossée. lui aussi, tu doutes de son utilité. alors tu oublies des pokémons et les capture classique, après tout tu n'as jamais été une dresseuse. le mieux pour toi et te t'essayer au piège. tu as remarqué que le noctali trainait du côté d'une église, il semble y faire des vas-et-viens infinis à la recherche de quelque chose, à la recherche de quelqu'un. une nuit, tu poses une bouche métallique au sol, instrument qui aura été plus facile à trouver que ce que tu pensais. en son coeur, tu déposes quelques baies, de quoi alerter le pokémon que tu espères affamé. et puis, tu attends, tu attends dans un coin, terrée dans l'ombre. les heures passent, tu as le temps de contempler les étoiles, le temps de penser à tout et à rien, à te demander ce que tu feras après, une fois les recherches de rosier terminées. sans doute partiras-tu à la recherche des tablettes, quête à travers le monde qui te fait vibrer. mais pour cela, il te faut de l'argent. beaucoup trop d'argent. comme pour répondre à ta pensée, tu entends un clap suivis d'un gémissement animal. le noctali est attrapé. tu le vois, les pattes prises entre des crocs de fer. tu avances vers lui, non sans un pincement au coeur. tu es consciente de la douleur que tu lui as infligé. mais qu'importe.
- tout doux, tout doux.
s'est que la bête est hargneuse, à ta vue, elle s'est mise à grogner. elle voit en toi le prédateur que tu es. tu ne détournes pas le regard, consciente de ce que tu es. tes mains attrapent une corde que tu attaques au museau de la bestiole, elle se débat, tente de te mordre mais sa hargne en vient à la blesser. tant mieux, plus le pokémon sera affaibli et plus il sera facile pour toi de l'enfermer dans une pokéball. la mâchoire serrée, tu te mets à lancer des coups de pied dans l'estomac du pauvre noctali, encore quelques coups et ce sera bon, tu pourras l'emprisonner, encore, quelques, coups.
- merde.
une silhouette apparait, une silhouette féminine. elle te toise, toi qui joue les braconneuses. il n'y a pas grand chose à faire ou à expliquer. tu hésites un instant à te casser. peut-être que cette femme fait partie des flics, peut-être qu'elle est sur le poids de t'arrêter. et puis, par miracle il y a balbuto qui se met entre vous. balbuto qui s'acharne à te protéger. il te rassure mais tu te demandes, est-il vraiment capable de maitriser pour toi l'inconnue si elle en venait à s'approcher de trop près?

Tu t'avances, donnes presque l'air de te promener. Tu explores, en réalité, à la recherche d'une piste, de quelque chose qui te mettrait sur la voie de ce que tu dois faire. Pas évident de marcher sans savoir où on va, n'est-ce pas Candice ? T'es guidée par ton instinct, alors que tu rêves juste de rentrer chez toi. Mais tu n'aimes pas bâcler tes missions, c'est pour ça que l'Esprit Frappeur te fait confiance, c'est pour ça que t'as été embauchée. C'était pas pour ta belle gueule, c'est pour ce que tu as laissé paraître à l'entretien, pour la détermination que t'as étalé sur la table face à ton recruteur. T'es jeune, mais responsable, peut-être un peu trop impulsive, mais ça te passera avec le temps. Ou peut-être pas. T'aimes bien croire que tu n'as peur de rien, que t'es capable de tout affronter. Mais est-ce que tu vas être capable d'affronter ça ?

C'est les gémissements de douleur qui te font prendre la direction que tu prends. Le spectacle te fige d'horreur. Maintenant, Candice, il est temps de lutter contre tes convictions profondes, il est temps d'apprendre à prendre sur toi. Ton souffle est coupé par l'atrocité que ton regard capte, les coups dans le ventre du Noctali te donnent l'impression qu'ils te sont directement envoyés dans l'âme. Ça te fait mal. Ça te renvoie à tes images d'enfance. Bourdonnement dans les oreilles, la mâchoire qui se contracte. Ne pète pas les plombs, Candice, tu ne ferais pas le poids. Tu te contractes à t'en faire péter les muscles, la tortionnaire s'arrête. Vous vous toisez, et t'as juste envie de lui envoyer ton poing en pleine gueule. Le Noctali est blessé, pris dans un piège, à bout de souffle. Et tu souffres avec lui. C'est contre toutes tes convictions, tout ce que tu t'es juré à toi-même. Tes promesses de prendre soin de tous Pokémons dans le besoin, celles que tu t'es faite en construisant ta vie. Respire, Candice. Respire, c'est tout ce que tu peux faire actuellement. Ton regard se pose sur le Balbuto qui a l'air de vouloir défendre la tortionnaire. Elle ne le mérite pas. Elle ne mérite pas qu'un Pokémon se dresse comme ça pour elle.

Tu trembles, maintenant. Pas de peur. Tu trembles de rage, t'as du mal à déglutir, t'as du mal à ne pas laisser ton impulsivité prendre le dessus. Mais plutôt que de foncer tête baissée, tu t'approches du Balbuto, tu t'accroupis pour te mettre à sa hauteur. Tu lui tends la main. Tu veux confronter ton amour des Pokémons à la violence de cette putain de tortionnaire. Tu ne veux pas t'abaisser à son niveau à elle. « Ecoute-moi. » C'est doux, c'est même pas un ordre, c'est une demande alors que t'as la gorge serrée, alors que tu pourrais éclater en sanglots à tout moment. « Tu ne peux pas la laisser faire ça. Tu comprends ? C'est un Pokémon, comme toi. Il a des sentiments, des ambitions, des envies et des besoins... comme toi. Ça pourrait être toi ou l'un des tiens, à sa place, je sais que tu as conscience de ça. Si tu tiens à ta dresseuse, empêche-la de devenir un monstre, je ne peux pas le faire à ta place. Elle mérite le pardon, mais ce n'est pas l'aider que de la laisser croire qu'elle a le droit de faire ce qu'elle veux des Pokémons. » T'es restée douce, empathique, alors que t'as juste envie d'insulter cette fille. Mais ce ne serait pas t'aider à convaincre le Balbuto que d'insulter celle qu'il défend. Tu comptes sur la sensibilité du Pokémon Psy ; ils ont un niveau de compréhension de l'homme et des émotions bien supérieur à celui des autres Pokémon. Alors t'y crois.

Qu'est-ce que tu pourrais faire d'autre que d'y croire, après tout ?

lors de tes périples, tu as croisé la route de prêcheurs de toutes sortes. il y a eu les religieux qui te murmuraient les légendes de leur temple avec une foi qui t'émerveillait parfois, te dérangeait souvent. ensuite, il y a eu les humanistes, ces âmes au grand coeur qui ne cessaient de pointer du doigts les malheurs du monde dans l'espoir dévoilé de les soigner à grand coup de si : si nous n'étions pas intervenus, si les gouvernements, si, si, si. et puis, il y a eu les autres : ces autres comme l'étrangère, ces amoureux des pokémons, ces inconditionnels du respect de ces êtres. tu souffles dès les premières syllabes que l'autre prononce. elle s'élance des pourparlers avec balbuto, elle essaie de le résonner en pointant du doigts les tares de la dresseuse de fortune que tu es. voilà que tu te mets à ricaner lorsque tu entends le mot "pardon". mais qui est-elle? et surtout, pour qui se prend-t-elle? qu'importe, sa sorcellerie opère : balbuto flotte en arrière, il s'éloigne de toi sous tes misérables supplications pour le retenir.
- machin ! reviens ! (...)
trop tard, la bestiole vous a quitté, laissant les femmes que vous êtes en face à face. tes poings se ferment tandis que ta mâchoire se serre de plus en plus, on dirait que tu es prête à mordre. désormais, tu es sûre, sûre et certaine que cette femme n'appartient pas à la brigade. sa réaction aurait été tout autre dans ce cas. force est d'admettre que tu es face une illuminée parmi d'autres.
- qu'est-ce que tu vas faire maintenant? je te conseille de dégager rapidement, j'ai quelque chose à terminer et ce n'est pas un stupide discours qui me fera abandonner.
c'est que tu es vexée nour, suffisamment blessée pour rester là. il aurait sans doute été plus sage de partir à ton tour, de laisser l'inconnue s'occuper du noctali. elle l'aurait emmené au centre pokémon le plus proche et toi, tu aurais pu disparaitre dans la nuit. mais non, tu ne bouges pas, tu refuses de faire volte-face. cette femme a provoqué une acre rancoeur : tu lui en veux et tu en veux à ton pokémon : toi qui pendant un bref instant a cru qu'un lien avait commencé à naitre entre vous. force est de constater que tu t'es fourvoyée. balbuto reste et restera un caillou flottant. la conscience que tu as cru deviner en lui, l'attachement que tu t'es mise à imaginer n'est rien. ce pokémon n'est avec toi que pour la tablette que tu portes et même l'artefact ne suffit finalement pas à le faire rester près de toi.
- qu'est-ce que tu ne comprends pas dans : dégage?
les mots sont prononcés avec calme, pourtant on devine à l'intonation et au rythme l'agacement qui a pris possession de ton corps. doucement, tes mains glissent vers l'unique pokéball attachée à ta ceinture. la sphère double de volume lorsque tu appuies sur ses extrémités : si cette femme veut parler au pokémon, tu as quelqu'un à lui présenter.
- miaouss (...)
ton index clique sur le bouton central et libère alors la silhouette hirsute du félin de galar
- (...) occupe-toi d'elle !
ton attention se porte à nouveau vers noctali,
le pokémon est toujours pris dans ton piège. il a cessé de s'affoler, tes coups et les crocs de métal ont suffit à l'épuiser. p a r f a i t.
tu te saisis d'une nouvelle pokéball et la lance en sa direction.