(capture) a memory from one’s youth is a lovely thing.

theodore a dix-sept ans.
le garçon sort du lycée entouré de ses quatre silhouettes qu'il nomme amis. ils parlent de tout, parlent de rien. ils crachent des insultes qui viennent ponctuer leur dialogue et démarrer leur monologue. y'en a un qui allume une clope, puis un autre. rapidement ils se mettent tous à fumer : c'est qu'ils jouent aux hommes. non loin d'eux, il y a les filles. parmi elles, il y a la fille. theodore la fixe et le temps d'une seconde, d'une seule, leur regard se croisent avant de prendre la fuite.

- qu'est-ce que tu regardes comme ça?
c'est louis qui parle, il prend place près de théodore, place sa tête sur son épaule tandis qu'un sourire taquin vient illuminer sa face adolescente.
- oh mais c'est maria. MARIA !
theodore s'affole, il sursaute pour le plus grand bonheur de louis qui se met à ricaner. au loin, il y a maria qui les salue timidement tandis que louis s'adonne à des grands gestes pour l'attirer vers eux. hésitante, elle finit par quitter ses copines le temps d'un bref instant afin de venir saluer les garçons.
- dis-moi maria, tu vas chez chloé demain?
cette fois, c'est romio qui prend la parole.
- oui, pourquoi?
- tu sais si léa y sera?
le garçon se met à rougir au rythme de l'excitation enfantine de ses amis.
- sûrement, on y va toute, vous aussi?
de nouveaux les tendres prunelles de maria viennent se projeter contre la rétine de théo. le garçon sourit maladroiteusement et fais glisser sa clope entre ses lèvres dans une tentative désespérer pour avoir l'air plus cool qu'il ne l'est.
- on y sera tous.

louis et theodore avancent ensemble,
ils traversent le centre de viridian city pour rejoindre leur quartier. depuis toujours, les garçons ont été voisins, alors depuis toujours, ils marchent ensemble. ils font les cons sur le chemin, parlent de leur journée, échangent des commentaires désobligeants sur leur professeur, lâchent des taquineries sur les élèves qui partagent leur quotidien, etc. etc.
- tu penses que romio va emballer léa?
- aucune idée.
- vingt pokédollars qu'elle le tej.
- hah je prends.

sourires complices qu'ils échangent avant d'arriver devant leur résidence. les garçons montent les escaliers à toute vitesse alors que leur sac-à-dos rebondissent sur leur échine à un rythme saccadé. l'ascenseur est cassé depuis plusieurs années, alors ils ont pris l'habitude de grimper les huit étages en faisant une course. louis gagne cette fois-ci. 143 à 120 pour theodore qui sort ses clés et entre dans l'appartement vide de sa famille. son père travaille de nuit, sa mère est en voyage. ils sont seuls. ils se mettent à dévaliser le frigo, à allumer la télévision et à rouler des joints avec le peu d'herbe qui leur reste. adolescents rieurs, on les entend trop : ils font du bruit en marchant, ils font du bruit en parlant, il n'en faut pas plus pour que le voisin du dessous tape le plafond de son balais en leur intiment de bien vouloir fermer leur gueule. nouveau fou-rire qui finit par les calmer.