(capture) 4am

y'a la pionce manquante qui joue des tours, mauvais magicien qui fait tomber ses cartes avant d'avoir pu les tirer de sa manche. poings enfoncés dans le fond de ses poches, y'a la clope qui continue de fumer, qui s'arrête jamais vraiment de brûler, l'insomnie qui toque sur les poches sous ses yeux, dérives solitaires qui font à peine gaffe aux putes plantées sur les routes, qu'abordent les bagnoles le cul bombé par des jupes rouges. froid qui s'engouffre encore, face enfoncée dans une écharpe vieillotte, sans doute bouffée par des bestioles du fond des tiroirs, y'a le bruit des néons qui grésillent qui vient taper contre son crâne, les musiques aux basses trop profondes jusqu'à lui taper dans les pompes. ça cause ici, ça se marre là, l'entend des bruits, clare, une poubelle qui se casse la gueule et l'attention happée par l'ombre.

(hautes herbes // 30)

rien d'humain qu'aurait de quoi faire flipper, pas de mauvais clown lancé sur la piste qui se bouffe une tarte à la crème en plein la face, qui se découvre meurtrier et déploie la hache derrière son dos coloré. y'a les sourcils qui se froncent, paupières qui papillonnent, pokémon qui cherche à bouffer dans le fond des restes du restau à côté, pas de quoi s'attarder, sans doute qu'il en tomberait malade le bestiau. y saurait pas mettre de nom exact, clare, ça a tout l'air d'être une fouine délavée, gonflée, trop énervée pour promettre à un avenir brillant. y'a tanzanite qui frétille dans sa veste, la pokéball fermée, pas le courage de lancer les hostilités, la batte trop utilisée pour liquider les cadavres encore trop entiers. inspiration profonde, approche furtive, les baies entre ses doigts pour appâter le largué parmi les maudits. semblant de pitié, miroir sur pokémon, retour des lustres en arrière, à tendre les mains pour échapper à la galère. il lance la pokéball vide, à se dire qu'il en garde pour les urgences, un coup de chance, genre d'espoir de se la jouer bon samaritain.

(capture // 30)

c'est foiré de peu, de presque rien, lueur manquante qui passe pas au troisième. y'a la fouine qu'en sort déboussolée, qui le jauge sans trop savoir où se foutre, plus loin ça doit mener sur un mur trop grand à escalader. y'a le coeur qui palpite doucereusement, qui crache des mélodies qui s'intéressent plus à l'insolence des rues abîmées. y'a un mouvement en arrière, clare qui tente toujours d'approcher, qu'ouvre un peu la main pour y dévoiler les baies séchées, en vient à s'accroupir pour se mettre sur le même pied d'égalité. il lâche pas du regard, ose même pas cligner, à croire qu'au moindre geste il pourrait définitivement se tailler. retente le coup après avoir récupéré la pokéball pas acceptée. croise les doigts.

(capture // 30)

coup au coeur ultime, il se taille aussi vite qu'il en ressort, à croire que ça fait trop peur de se retrouver dans le noir, à pas accepter plus de chaleur qu'à l'extérieur. pousse un soupir, clare, calme désopilant qu'aurait de quoi faire chier un nerveux tombant. y disparaît dans la pénombre, le bestiau qui couine, le doute qui s'immisce et pas l'envie de finir à la fourrière. alors il attend un peu clare, puis reprend sa route, termine sa cigarette qu'il écrase du bout des pompes, mégot en reste de l'aventure nocturne. avancée hasardeuse dans la rue, à l'écoute des moindres bruits, caché derrière un tas de détritus, ancien squat d'un clochard sans doute.

- hey,
- t'as les crocs,
- y m'semble.

la main qui se retend, reprend la position initiale, attraper la confiance par le collier, la serrer fort dans ses bras puis la relâcher, libre de ses moindres actions. détermination éreintante, à pas savoir pourquoi il s'obstine, sans doute de peur de le retrouver quelque part, la carcasse maigre à outrance, victime des mauvaises tendances.

(capture // 30)

c'est un vent qu'il se bouffe, clare, pas loin de la tornade alors que la fouine s'enfonce un peu plus dans les détritus. il jure que ça tremble un peu là-dessous, que ça flippe à s'en filer des ulcères dans la carcasse. y'a tanzanite qu'il fait sortir de son bijou éclatant, il pige pas trop les éléments, il baille en se redressant mollement, oeillade commune, intérêt qui se pose sur celui qui se cache. tentative pas bien ultime d'au moins le rassurer à défaut de pouvoir lui donner de quoi empêcher la faim de revenir dans un tournant de rue. inspiration profonde, le ténéfix qui s'approche sans provoquer la fuite, qui s'attarde sur un bout de métal qui brille, aspire les rayons de lune. pokéball à nouveau lancée, sans combattre, sans blesser.

(capture // 30)

y'a défaites sur défaites, y'a la gnaque de l'autre qui veut pas se laisser faire, pas comprendre, apeuré par les maltraitances assénées, lui qu'a l'air d'être prêt à se défendre face à des maîtres de combat. la lèvre inférieure se fait bouffer alors que tanzanite continue de jouer avec son bout de métal, claquement de rire alors qu'il recule à nouveau. sans doute qu'il devrait abandonner, lui dire adieu ou à un autre jour quand le soleil sera enfin levé - il en doute, clare, l'est sans doute plus propice à se la jouer voleur de nuit. alors le ténéfix se redresse, suit la fouine, semblant de causette qu'il est pas capable de comprendre, échange de grimaces qui font sourires. encore.

(capture // 30)

instant de silence, instant de latence, à croire que ça argumente avant que ça se referme sur lui, qu'y'a comme une oeillade entre les deux, qu'y'a l'acceptation de plus se faire écarteler par les vérités de la ville qui lâche ses mômes en un crachat infâme. inspiration profonde, y'a le rictus qui grandit sur la face de clare, ça se referme sans plus de cérémonies dans un clac significatif, tanzanite qui s'accroche à son pantalon. entre ses doigts il se met à serrer la pokéball, genre de partage de chaleur, étreinte avant l'heure. siffle à l'égard du compagnon de toujours.

- j'sais pas c'que t'as dit,
- ça a été efficace,
- tu d'vrais murmurer dans les oreilles plus souvent.

claquement d'un rire qui s'évanouit dans l'air.

(fin de la capture)