(fait divers) you're not going fast enough.

tu étais là lorsque tiboudet a évolué en bourrinos. est-ce pour cela qu'il n'autorise que toi à le monter? peut-être. en tout cas, les responsables du terrain t'ont engagé pour dresser l'animal, l'habituer à porter sur son flanc des cavaliers et surtout à galoper et à monter des obstacles. te voilà alors, comme tous les matins à l'écurie, venue t'occuper du bourrinos, étrangement plus irritable qu'à l'habitude.

Le soleil peine à étirer ses rayons ; il est bien trop tôt. Pourtant déjà ses pas avancent sur les allées du terrain hippique. Être la première employée arrivée, chaque matin. Pour plus de solitude, par manque d’une routine matinale. Un coup d’oeil sur l’ordre du jour, en plus de nourrir, nettoyer et sortir quelques pokémons qui dorment en box, elle doit débourrer le Bourrinos nouvellement évolué. Celui dont elle prend déjà soin depuis quelques semaines. Elle n’attend pas Ryan, enfile une paire de bottes, attrape la brouette pour nourrir tout le club hippique avant de prendre un licol, de quoi harnacher le Bourrinos et rejoint son enclos. Une belle bête. Immense, puissant, encore maladroit dans ses nouveaux sabots. Elle dépose la selle en califourchon sur la barrière, filet accroché à un poteau et c’est seulement avec le licol qu’elle saute dans l’enclos. Léger sifflement pour prévenir de sa venue, le Bourrinos qui lève son imposante tête, oreilles allant d’avant en arrière. Il a le regard irritable, les naseaux dilatés. Pas levé du bon pied le camarade.

{dressage} | 40

Ryan, elle le connaît bien ce Bourrinos. Pour s’en être occupé alors qu’il était un Tiboudet, pour avoir été présente lors de son évolution, ne cachant pas sa joie. Un rien qui avait embelli son coeur meurtrit. Quelque part une fierté de ce dire qu’elle a participé à ça. « On s’est levé du sabot gauche, mon grand ? » interrogation douce, légère, sourire aux lèvres alors qu’elle s’approche, un brin de méfiance tout de même. Toujours se méfier d’eux, disait Grand’Pa, ils sont imprévisibles. Toujours ses conseils qui résonnent dans sa tête, sa technique qu’elle met en place, une grande importance à instaurer du respect entre elle et les pokémons qu’elle dresse. Proche de lui, une main déposée sur son encolure, elle reste silencieuse, les gestes doux et confiants. Respect, mais dominance. En troupeau, c’est le dominant qui décide. Licol attaché autour de sa grande tête, elle laisse ses doigts passés sur son chanfrein, monter derrière ses oreilles : gestes tendres mais qui visent aussi à chercher quelques blessures qu’il aurait pu se faire. Rien. Alors elle l’emmène près de la barrière sur laquelle attend filet et selle.

{agilité} | 45

Le tout se passe vite. Trop vite. Un premier essai d’acceptation du tapis, puis de la selle. Un premier écart pour le Bourrinos dont la mauvaise humeur semble s’accentuer. Elle n’en perd pas espoir Ryan, recommence à de nombreuses reprisse. Mais le pokémon ne semble pas vouloir l’aider et finit par faire un écart puis ruer. Mauvaise chose alors qu’il est attaché avec le licol. Il se réceptionne mal, se tord le membre intérieur. C’est fini pour lui. Soupire agacé et culpabilisant, elle calme le type sol, regarde son membre ; une petite entorse. Repos oblige, elle arrête tout, lui retire son licol et le laisse vaquer. Elle doit recouvrir son genou d’argile pour l’aide à reprendre au plus vite.

À peine aux écuries, mauvaise rencontre. Monsieur Hernandez s’approche de la gamine, l’air agacé. Il hurle presque, est sec, froid, mécontent. Il la rabaisse, celle qui tient encore tout l’équipement entre ses bras. Il emmène la curositée autour de celle qui ne compte se laisser ainsi humilier, qu’importe qui semble-t-il être. « En attendant, votre Bourrinos, j’suis la seule qui peut approcher ! On ne débourre pas un poké monture en quelques claquement de doigts ! Je vais soigner sa blessure et reprendre demain. » Il n’est pas convaincue l’homme, surement ne va-t-il pas apprécier qu’elle lui parle ainsi. Mais c’est bien plus fort qu’elle.

« Tu ne t’occupes plus du Bourrinos, quelqu’un d’autre le fera !  Ou pas…»
Les mots d’ordre donné le matin même. Elle en a le coeur lourd, la gamine, un gout amer dans la bouche. Si elle ne peut plus s’en occuper, personne ne le fera. Il est si têtu, l’pokémon, si méfiant. Elle a juste acquiescé en prenant sa brouette pour faire le tour de nourriture, mais l’idée de ne plus s’en occuper la hanta toute la matinée.  Alors elle passa devant son box, au Bourrinos, pencha la tête par-dessus la porte pour l’observer. Il l’accueille à coup de bout du nez à la recherche de quelque chose à manger. Sa blessure semble aller, mais cette vie au box lui déplaît, il a la marque dans les yeux.

Prenant son courage à deux mains, Ryan rejoint le bureau de Monsieur Lancaster. Elle est bien déterminée à le mettre de son côté, à sortir ce Bourrinos de son box et reprendre son dressage. Qui d’autre que son mentor et cher directeur de l’écurie pour ça ? Méfiante tout de même, elle prend mille précautions pour lui parler. « Monsieur Lancaster…Le Bourrinos, je souhaite reprendre son dressage… Je sais que je peux y arriver ! Ce qui s’est passé hier peut se reproduire avec une autre personne, c’est un jeune Bourrinos… Si je ne m’en occupe pas, personne ne le fera et il vous prendra un box qu’il finira pas défoncer à coup de sabot… » Elle est déterminée, la voix qui ne tremble pas, pourtant, c’est qu’il est impressionnant, Monsieur Lancaster. « Ryan, je sais bien, toutefois Diego est homme qui n’est pas facile à convaincre… Je vais voir ce que je peux faire, file sortir mes Ponytas maintenant ! »  Elle repart le coeur plus léger, sourire dissimuler sur son visage.